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2,6 FOIS PLUS PRODUCTIVE QUE LE SOJA

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L’intérêt environnemental d’une culture doit s’apprécier à la fois au niveau de la géobiosphère et au niveau local.

Au niveau de la biogéosphère

il faut nécessairement prendre en compte, par tonne de produit ou de service final, les 3 paramètres suivant : – La surface nécessaire pour obtenir une tonne de produit, qui est à optimiser afin de pouvoir mieux satisfaire les besoins alimentaires de l’humanité toute entière, tout en préservant les forêts, les prairies et la biodiversité planétaire et en tenant compte des contraintes économiques sociales et environnementales locales; – La consommation d’énergie fossile, en particulier de pétrole, pour réduire les tensions sur cette ressource ; – Les émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’il faut également chercher à minimiser pour limiter le renforcement de l’effet de serre ainsi que les effets négatifs des changements climatiques sur la végétation mondiale et sur les productions agricoles.

Au niveau local

considéré par ailleurs dans cette brochure, il faut en outre préserver les ressources naturelles, notamment l’eau, l’air, les sols, la biodiversité, ainsi que les capacités productives des sols à long terme. Ce qui suppose d’optimiser l’aménagement des terres et les rotations. L’Évaluation Environnementale Planétaire Intégrée (EPI), un outil d’analyse développé par Arthur Riedacker à l’INRA, prend en compte tous ces éléments. Cet article constitue un résumé de ses travaux sur les performances environnementales relatives du soja et de la luzerne.

Dans les comparaisons qui suivent les productions de protéines sont exprimées en tonne de matière azotée digestible (MAD), ce qui permet de tenir compte de la digestibilité des différentes protéines. (Ici, MAD = protéines)

Nous avons retenu les rendements par ha suivant :

  • 13 t de MS par ha pour la luzerne (1,6 t de MAD par hectare), comme en région Champagne-Ardenne;
  • 2,5 t de graines de soja (0,76 t de MAD et 0,45 t d’huile par hectare), comme aux Etats-Unis et au Brésil (dans l’Etat du Mato Grosso);
  • 3,5 t de graines pour le colza (0,54 t de MAD et 1,43 t d’huile par hectare), la moyenne en France.

Voici les principaux résultats quand on compare les performances de systèmes de culture avec du soja, de la luzerne et du colza :

– Sur 1,315 ha de soja on peut obtenir 1 t de MAD et 0,59 t d’huile (système de production (1) de la figure ci-dessus) – Pour obtenir autant de MAD et d’huile qu’avec le soja en système de production (1) il suffit, avec le système de production (2), de 0,486 ha de luzerne et de 0,412 ha de colza; on gagne ainsi 0,417 ha (DUT ou différence d’utilisation des terre) ; – Avec le système de production (3) on obtient autant de MAD qu’avec le soja en système de production (1), mais pas d’huile; on gagne alors 0,69 ha ;

– Avec le système de production (4) qui occupe 1,315 ha la production de MAD avec la luzerne fait plus que doubler, mais on n’obtient pas d’huile; – Avec le système de production (5) qui occupe également 1,315 ha avec du colza et de la luzerne, on peut, augmenter la production d’huile de 0,9 t ; – Avec le système de production (6) qui occupe également 1,315 ha avec de la luzerne et du colza, on peut obtenir la même production d’huile qu’avec le système de production (1) et multiplier la production de MAD par 1,67.

COMPARAISON DE DIFFÉRENTS SYSTÈMES DE PRODUCTION SUR LE CRITÈRE DE L’EFFICACITÉ TERRITORIALE

On compare ci-dessous des productions de MAD réalisées d’une part avec de la luzerne de Champagne et d’autre part avec du soja provenant des Etats Unis ou de la zone amazonienne au Brésil. Avec le soja ou le colza on a des coproductions d’huiles, mais non avec la luzerne. Il faut donc distinguer deux cas : (1) les systèmes de production où on ne s’intéresse qu’à la production de matière azotée digestible (MAD), les coproductions d’huile de soja étant alors prises en compte dans le bilan énergétique ; (2) les systèmes de production où on cherche à obtenir la même quantité de matière azotée digestible et d’huile. Il faut alors combiner la production de luzerne avec celle du colza qui produit de l’huile, mais dont les rendements en MAD sont inférieurs à ceux de la luzerne.

Pour produire 1 tonne de protéine de soja supplémentaire il faut déffricher 1,02 hectare de forêt amazonienne.

Les figures ci-dessus montrent l’occupation des terres pour produire annuellement 1 t de MAD et 0,59 t d’huile avec du soja en zone tempérée (à gauche) ou en zone tropicale (à droite). Dans les systèmes de production A on produit autant de MAD et d’huile qu’avec le soja, mais en combinant la luzerne avec du colza. Dans les systèmes de production B on produit 1t de MAD mais seulement avec de la luzerne, car on ne s’intéresse alors pas à la production d’huile.

En haut figurent les surfaces à défricher quand on veut produire une tonne de MAD supplémentaire, en défrichant de la forêt tempérée ou tropicale (et les stocks de carbone par hectare).

Les différences d’utilisation des terres (DUT) par rapport au système de production de soja sont ici plantées en peuplier, dont le bois sert peut servir à déshydrater la luzerne.