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LES AUTRES MÉTHODES DE RECOLTE ET DE CONSERVATION

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300 000 hectares environ de luzerne sont cultivés en France, seule ou en association avec une graminée. Dont 60 000 hectares sont destinés à la déshydratation ce qui n’est possible que s’il existe une usine à moins d’une trentaine de km (Voir carte des implantations page 4). Voici une présentation synthétique des avantages et inconvénients des autres modes de récolte et de conservation. De l’objectif de valorisation de la luzerne par les animaux (type d’animaux, importance de la luzerne dans la ration…), dépend très souvent le mode de récolte mis en œuvre. Une fois la luzerne fauchée, la qualité de conservation est corrélée à la teneur en matière sèche (MS) du fourrage récolté. Mais, paradoxalement, il faut limiter les pertes au champ qui augmentent très significativement au-delà du stade 50% MS ! Aussi, ensilage, foin et enrubannage peuvent se succéder dans l’année au gré des coupes successives, des conditions de séchage au moment de la récolte et des équipements disponibles pour récolter, stocker et distribuer par la suite.

L’ensilage est pratiqué généralement à la première coupe, et de plus en plus aussi en seconde coupe, quand la surface en luzerne permet la confection d’un silo de taille suffisante. Comme la teneur en sucres de ce fourrage est faible (de 7 à 8% contre 15 à 20% pour des graminées comme le ray-grass), et qu’au contraire ses teneurs en protéines et minéraux sont élevées, la baisse du pH nécessaire à la conservation nécessite l’augmentation du taux de matière sèche jusqu’à plus de 35%. A ce niveau de matière sèche, un pH de 4.6 à 4.7 est suffisant pour empêcher le développement des butyriques et le peu de sucres présent suffisent. L’élévation du taux de MS du fourrage récolté, compense le faible rapport sucres / protéines. Pour une bonne conservation de l’ensilage de luzerne en silo couloir, il faut aussi redoubler de vigilance sur les précautions habituelles de tassement et d’herméticité du silo. En effet, à ce degré de pré-fanage 1 à 3 jours peuvent être nécessaires pour passer les 35 % de MS. Le système de hachage de l’ensileuse homogénéise la teneur en matière sèche : viser une longueur de brins de 2cm environ pour les bovins et un peu moins pour les petits ruminants. Ainsi, les sucres des brins hachés seront libérés rapidement et immédiatement disponibles pour un démarrage rapide des fermentations. Les bactéries lactiques se mettront au travail dès que l’oxygène enfermé dans le silo sera épuisé par la respiration du fourrage. Enfin, si la récolte s’effectue à moins de 35% de MS, il faudra compenser l’insuffisance d’acidification de la luzerne ensilée par l’adjonction de conservateurs appropriés : acide formique, sels d’acides ou encore enzymes cellulolytiques. On pourra encore ajouter d’autres sources de sucres comme la mélasse ou des produits absorbant l’excès d’humidité (pulpes sèches…)

L’enrubannage de luzerne est de plus en plus plébiscité par les éleveurs car cette technique combine de nombreux avantages pour assurer une bonne récolte et une bonne conservation de cette légumineuse : première coupe plus précoce au printemps, moins de pertes au champ que du foin… Là encore, quelques règles sont à respecter pour réussir son enrubannage de luzerne.

Un taux de matière sèche de 50 à 60 %, un pressage de très grande qualité, 6 à 8 couches de film plastique sont nécessaires pour un bon enrubannage.

Dans les balles enrubannées, l’efficacité du préfanage (rapide et poussé au-delà de 60% de MS) permet de préserver d’autant plus les protéines digestibles. Ainsi, chaque point de la balle enrubannée aura une teneur en matière sèche d’au moins 35%. La qualité du fourrage conservée se détermine également à la hauteur de coupe : au moins 6 à 8 cm pour ne pas incorporer de terre dans les balles. Ces deux conditions sont essentielles pour limiter le développement de spores butyriques en cours de conservation.

En outre, la qualité du pressage sera déterminante sur les quantités d’oxygène emprisonnées dans la balle, qui doivent être les plus faibles possible. L’objectif de densité des balles sera d’atteindre les 200 kg MS/m3. Indépendamment du réglage de la presse, on atteindra d’autant plus cet objectif que celle-ci est équipée du système rotocut qui coupe les tiges en tronçons d’environ 5 cm, que les andains à presser sont réguliers et homogènes (surtout en pressage à balles rondes) et que le nombre de tours de liage à l’aide de filets ou de ficelles est suffisant. Enfin, le nombre de couches de film plastique dépend avant tout de la qualité de pose de celui-ci. Si 4 couches bien posées suffisent généralement pour assurer l’herméticité d’une balle de graminée au stade feuillu, il vaut mieux passer à 6 couches voire 8 en balles de luzerne, pour limiter les perforations du plastique par les tiges. C’est encore plus nécessaire pour les balles parallélépipèdiques.

Plus encore que les deux précédents modes de récolte, le savoir-faire est essentiel à la réussite de la récolte du foin de luzerne. Les pertes au champ peuvent aller jusqu’à plus de 30% du rendement initial quand les
interventions de récolte ne sont pas maîtrisées. Ce sont les feuilles, deux à trois fois plus riches que les tiges, qui occasionnent le plus de pertes en se desséchant 1.5 à 2 fois plus vite que les tiges.

Pour le fauchage, il est conseillé d’intervenir après la rosée de façon à optimiser le séchage le 1ier jour. La faucheuse conditionneuse à rouleaux qui écrasent et plient les tiges pour une meilleure dessiccation est la faucheuse idéale pour les légumineuses. Il est déconseillé d’utiliser une conditionneuse à fléaux, « véritables effeuilleuses » pour les feuilles de luzerne. On préfèrera une faucheuse à disques classique, qui étale plus largement l’andain et économise en plus un premier fanage aussitôt après la fauche pour amener le fourrage de 15 à 35-45% de MS. Le fanage et l’andainage sont les interventions les plus délicates avec des risques de pertes importantes.

Ne jamais intervenir en pleine chaleur mais impérativement pendant la rosée. Les fenêtres d’intervention sont parfois limitées à 1 à 2 h en fonction des conditions météo. Aussi, les faneurs et andaineurs de grande largeur sont à privilégier pour augmenter les débits de chantier. Le fanage se raisonne en fonction de la quantité de fourrage à récolter. Il est souvent inutile en 3ème et 4 ème coupe si la faucheuse a pu étaler l’andain. Le foin de luzerne ne doit pas « voler » en l’air, mais il doit être simplement remué et ne pas être plaqué au sol après le passage de la faneuse. Dans l’idéal, il faudrait baisser la vitesse d’entraînement de la faneuse à la prise de force à moins de 300tr/min. Des mesures de qualité de
fourrage sur de la luzerne effectuées par ARVALIS – Institut du végétal dans le cadre d’un essai mené dans
l’Aveyron en 2012 par le pool machinisme Midi-Pyrénées et coordonné par les CUMA de Midi Pyrénées ont
montré la préservation de plus d’un point de matière azotée totale (protéines) par la simple baisse de la vitesse de rotation des toupies de 100tr/min et en ajustant la vitesse d’avancement du tracteur.

L’andainage (voire un pré-andainage quand le rendement est conséquent) doit se faire idéalement à environ 50% à 60% de MS pour atteindre les 80-85% de MS qui autorisent une conservation en foin sans risques. Là aussi, il est impératif d’intervenir le matin dans la rosée et de créer des andains aérés pour terminer le séchage. Le pressage se fera le matin après la rosée ou tard le soir à la reprise d’humidité. Les pertes sont les plus faibles en récoltant de gros andains avec les presses à balles rondes à chambre variable ; le temps de rotation dans la chambre est alors limité. Le liage filet est indispensable pour ne pas gâcher toutes les précautions mises en œuvre en amont pour récolter du fourrage de haute qualité.

Les trois modes de récolte décrits ici seront tous dépendants des bonnes conditions de séchage au champ : de 1 à 3 journées pour l’ensilage, de 2 à 4 journées pour l’enrubannage et de 3 à 6 journées pour le foin. Pour sécuriser la récolte de la luzerne, d’autres modes de récolte existent mais ils nécessitent des équipements et investissement spécifiques à raisonner en fonction des surfaces de luzerne à récolter : affourragement en vert, silo-tours, séchoir en grange. Et bien sûr en unités de déshydratation le seul système qui préserve quasiment 100 % de la quantité récoltée au champ et surtout de la qualité et ceci dans la durée.